Consommation. Voluptés de la connaissance et tristes réalités de l'internet
De la science comme de l’information, on peut dire sans se tromper tantôt tout le bien, tantôt tout le mal possibles. Avantages et inconvénients rivalisent et chaque esprit se déclare pour et contre, tour à tour, quand ce n’est pas à la fois.
Il y a moins d’un siècle, beaucoup d’hommes dans des pays occidentaux n’étaient guère sortis de leur village. Aujourd’hui, l’information planétaire pénètre à profusion dans le moindre espace clos et l’homme qui s’y trouve enfermé n’a pas la possibilité d’agir en retour efficacement.
Ainsi, la vie quotidienne d’une femme ou d’un homme d’aujourd’hui, est prise entre un travail sans signification autre que celle d’assurer sa survie dans le cadre d’un processus de production, et les idéologies tentant d’organiser les structures sociales auxquelles ils appartiennent.
Dans ce contexte, l’ascension hiérarchique s’avère être le moteur essentiel mais ne peut évidemment satisfaire le plus grand nombre.
La compensation s’opère donc tout logiquement par la possession d’objets de plus en plus nombreux, produits de l’expansion industrielle et pour lesquels une publicité effrénée est entreprise de façon à éveiller le désir de les posséder.
C’est à ce moment-là que la science joue son plus mauvais rôle. Les prodiges qu’elle met au monde sont toujours pleins de promesses, mais en réalité elle livre aujourd’hui l’homme à la machine électronique. C’est à dire une science appliquée entièrement focalisée par le matérialisme au détriment des valeurs spirituelles.
Dans ce contexte la maîtrise de l’information électronique et sa "manipulation" sont essentielles pour la production et la distribution intensive de marchandises qui sont à l’origine des disparités socio-économiques et des dominances intra et internationales.
Internet, en apparence, nous "offre" le pouvoir de décrypter cette information vitale et cette facilité d’acquisition en un clic de toute la connaissance du monde n’est pas étrangère à ce que je nommerai la "volupté de la connaissance" et à ce sentiment de libre arbitre absolu qui en découle.
La réalité est malheureusement toute autre.
Ces informations visuelles et auditives qui nous parviennent de tous les coins de la terre à la vitesse des ondes électromagnétiques, sont en fait de véritables "signaux" dotés de messages subliminaux qui nous conditionnent dans un contexte consumériste entièrement sous le contrôle de groupes supra-nationaux.
C’est dire toute l’importance de ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler les "lanceurs d’alertes" et surtout des associations de consommateurs structurées et puissantes qui décodent ces informations pour protéger le consommateur.
L’inégalité des "forces" en présence est flagrante : d’un côté une information sur-abondante qui nous inonde jusque dans les moindres recoins de notre vie personnelle, voire qui l’organise de façon virtuelle et tellement pratique.
De l’autre la nécessité de l’effort qu’il faut produire pour s’extraire de l’ "attraction passionnée" d’une réalité qui vous absorbe tout entier dans une fièvre consumériste sans fin.
A telle enseigne que le progrès, et la science qui le sous-tend, quand ils s’appliquent aux biens de consommation, n’ont de cesse que de justifier encore et toujours le superflu qui a envahi nos vies.
Le combat est évidemment inégal dans la mesure où le marketing-roi en arrive à nous faire évoluer dans un contexte de sur-réalité et nous fait vivre à crédit sur des innovations futures. Nous sommes ainsi maintenus dans un contexte permanent d’insatisfaction où la seule perfusion possible est la nouveauté .
Alors ? Ce combat est-il perdu d’avance ?
Non parce-que les citoyens et les peuples qu’ils composent ont l’avantage incommensurable du nombre et que cet internet qui les colonise et les domestique pourra , peut-être, effacer les frontières et créer une conscience universelle de révolte.